1 – AU NIVEAU LOCAL
S’agissant du Vanuatu
Ø Réactiver les mesures existantes pour permettre l’émancipation économique de la femme vanuataise à travers l’éducation, la formation, pour que les femmes puissent faire face à la réalité de la vie ainsi qu’à la mondialisation.
Ø Renforcer les traductions en langue française.
S’agissant de la Nouvelle-Calédonie
Malgré les moyens considérables mis en place par les institutions pour lutter contre les violences faites aux femmes, les résultats des enquêtes de l’ENVEFF en 2000 (Enquête Nationale sur les violences envers les femmes dans la France hexagonale) et de l’INSERM en 2004 montrent que la Nouvelle-Calédonie en termes de violences faites aux femmes, se place devant les 3 territoires enquêtés (la France métropolitaine, la Réunion et la Polynésie française).
Ces enquêtes relèvent que les femmes kanak sont les principales victimes devant les océaniennes, les européennes et les autres ethnies confondues. Les jeunes femmes sont les plus touchées.
Au vu de cette situation alarmante, l’UFFO.NC
1 – L’Etat
Ø interpelle l’Etat sur son rôle de garant de la sécurité des personnes, elle l’incite à prévoir des mesures d’urgence (référé particulier pour des mesures d’éloignement, allouer des fonds pour la création de maison de refuge d’urgence etc..) pour sécuriser les femmes dans les sphères privées et publiques.
Ø demande à l’Etat que soit incluse dans le code pénal une mesure d’exclusion immédiate du foyer familial de l’auteur des violences, si la femme l’exige, inspiré du système prévu par la loi sur la protection de la famille n° 28 de 2008 du Vanuatu. En effet, L’UFFO.NC remarque que dans cette loi une ordonnance de protection immédiate de la famille permet une exclusion immédiate temporaire de l’agresseur, prononcée par des personnes autorisées. C’est donc un apport indéniable pour répondre aux situations de crise. L’UFFO.NC conseille donc qu’au minimum, les policiers municipaux puissent être investis de cette compétence.
2- Le pouvoir judiciaire:
L’UFFO.NC demande aux autorités judiciaires
Ø de mener une campagne d’information auprès des justiciables sur leurs droits : pénal et civils (coutumier et commun). En y apportant une attention particulière à l’information des femmes vivant éloignées de Nouméa.
3- Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie:
Ø L’UFFO.NC rappelle que les dernières statistiques sur les violences faites aux femmes datent de 2003-04. Elle exhorte le gouvernement à mener une étude genrée et par ethnie, sur les discriminations que subissent les femmes dans tous les secteurs, ceci afin de développer des programmes adaptés dans la lutte contre les violences à l’égard des femmes.
Ø L’UFFO.NC demande que la prochaine modification du projet éducatif intègre dans la dimension genre le respect des valeurs et cultures océaniennes.
Ø L’UFFO.NC demande une meilleure cohésion et collaboration entre les secteurs gouvernementaux et le Sénat Coutumier sensé améliorer la vie sociale, coutumière, et implicitement la sécurité des femmes kanak.
4- Le Congrès et les Assemblées de Province :
Ø L’UFFONC appuie la demande des “femmes en colère” sur l’ouverture d’un débat public concernant les violences faites aux femmes. Particulièrement, elle incite les conseillers de la Nouvelle-Calédonie à devancer le parlement français en adoptant de leur propre initiative, une mesure visant à interdire aux auteurs de violences condamnés l’accès à un mandat électif ainsi qu’à une fonction au sein du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie.
Ø Que ce débat puisse aboutir à une loi sur la protection des femmes du Pays inspirée de la loi « sur la protection de la famille » inscrite dans la Constitution du Vanuatu.
Ø De mettre en place des moyens d’information accessibles à l’intention des femmes s’agissant des deux droits civils, commun et coutumier.
Il s’agit notamment de prendre en compte les diversités linguistiques de la Nouvelle-Calédonie. De la sorte, les femmes auront une meilleure compréhension de leurs droits si les intervenants s’expriment dans leur langue maternelle.
L’UFFO.NC préconise que des actions soient menées par les intervenants au plus près de la population, rappelant que le recours aux supports papier et informatiques ont leurs limites. A cet égard, elle recommande de s’inspirer de la méthode développée par les vigiles de santé mis en place par la Nouvelle-Calédonie dans les années 70.
Il serait donc nécessaire de recruter des agents localement, locuteurs de la langue de la région, et de les former sur le contenu des informations à véhiculer.
5- Le Sénat Coutumier
L’UFFONC invite les institutions coutumières à accorder une attention particulière au rôle actif des femmes dans la préservation des valeurs kanak et dans le développement du pays. Elle insiste également sur son rôle moteur dans la concertation entre protection des femmes et préservation des valeurs coutumières.
Wallis et Futuna
- Mettre en place une cellule d’accompagnement à la préparation au mariage.
- Travailler en partenariat avec la chefferie, les associations sur les droits de la femme.
- Instaurer une meilleure coopération entre l’UFFO, la présidente de la condition féminine de l’Assemblée Territoriale et la déléguée aux droits de la femme.
- Former des personnes relais dans les villages pour les préventions sur les violences
Concernant la Polynésie française :
Partant du constat que l’absence des parents au domicile, les changements des conditions de vie et de comportements, le manque d’argent, le chômage, l’alcoolisme, la drogue, l’impact des films violents contribuent à donner aux enfants des exemples néfastes les rendant violents, aigris, envieux, rancuniers, l’UFFO-Polynésie propose :
-la mise en place d’un dispositif social d’accompagnement parental permettant de changer positivement le comportement individuel des garçons et des filles.
S’agissant des comportements violents observés chez les enfants dès la crèche, la garderie, en centre aéré ou à l’école, et des violences conjugales, l’UFFO-Polynésie propose au gouvernement et particulièrement au Ministère de la condition féminine :
-la formation d’équipes d’animateurs et d’enseignants au dépistage des manifestations visibles et plus pernicieuses des violences entre enfants ;
-la poursuite, l’extension et la mise en œuvre, dans tous les collèges et lycées, du programme pédagogique élaboré par la Délégation à la condition féminine visant à prévenir les violences chez les jeunes ainsi que la formation d’animateurs au sein de chaque établissement scolaire ;
-l’organisation de campagnes annuelles pour inciter les victimes, l’entourage familial, le voisinage, à dénoncer toutes formes de violences ;
-la réalisation effective des obligations et injonctions de soins pour les auteurs de violences ;
-le développement des dispositifs de soutien psychologique aux victimes de violences (y compris les enfants) ;
-la pérennisation et la révision annuelle des subventions accordées aux centres d’hébergement et d’accueil des femmes et des familles en grande détresse ;
-une incitation gouvernementale forte à l’émancipation économique des femmes en tant que facteur préventif des situations de violences.
Concernant le Plan d’action Polynésien pour la promotion des familles et la reconstruction du lien social agréé par le gouvernement et le Conseil Economique Social et Culturel (CESC), l’UFFO-Polynésie recommande la mise en œuvre effective de ce plan de 130 actions regroupées au sein de 7 objectifs. Ce dernier fera l’objet d’un vote prochain par l’Assemblée de Polynésie, donnant à tout gouvernement une légitimité et une direction pour mettre en œuvre les propositions et allouer des moyens budgétaires, tout particulièrement pour les actions suivantes :
-la création d’un dispositif de détection et de suivi des situations de détresse et de violences dans le cadre de la maternité. Il s’agit de la consultation médico -psycho-sociale du 4ème mois de grossesse dont le coût estimé de 11 millions F CFP par an n’est pas exorbitant au vu des frais d’hospitalisation induits par les violences commises sur les femmes enceintes ;
-la mise en place d’un couvre-feu pour les mineurs non accompagnés qui divaguent dans les rues à des heures indues et sont susceptibles de subir des agressions physiques et/ou sexuelles ;
-la modification de la législation polynésienne réglementant la consommation d’alcool avec une interdiction de vente du vendredi midi au lundi matin (hors restauration et boîtes de nuit), tant il est avéré que les violences intra -familiales et conjugales surviennent souvent sur fonds de consommation d’alcool et de drogues ;
-une incitation forte à l’insertion professionnelle des femmes en encourageant l’entreprenariat, la formation en alternance et l’apprentissage tant il est prouvé que l’émancipation économique des femmes permet à celles-ci de se libérer plus facilement d’une éventuelle dépendance financière vis-à-vis de leur conjoint lorsqu’elles subissent des violences conjugales.
2 - AUX NIVEAUX REGIONAL ET INTERNATIONAL
Au vu de ces différentes données, nous recommandons de:
Ø Favoriser l’émancipation économique de la femme francophone pour permettre d’ouvrir des échanges avec l’extérieur et notamment avec nos pays voisins à travers l’UFFO.
Ø rédiger un rapport en commun sur la situation des femmes océaniennes, en direction des institutions régionales, locales, et même internationales,
Ø construire un plan d’action de lutte contre les violences faites aux femmes au niveau de la Région Océanie francophone étendue aux anglophones (PPA en octobre 2017 à FIJI),
Ø réunir les bailleurs de fonds potentiels autour du rapport commun et du plan d’action régional,
Ø porter la vision des femmes francophones d’Océanie dans toutes les instances formelles et informelles pour contribuer à l’amélioration de la paix et la sécurité dans nos pays insulaires,
Ø créer des alliances avec les ONG agréées auprès du Comité CEDEF de l’ONU en vue de soumettre notre rapport régional,
Ø Missionner l’AFFV pour faire accéder la plate-forme régionale UFFO au statut d’observatrice :
o -d’une part au sein des institutions politiques régionales tels que le Fer de lance, le Groupe des Leaders polynésiens, le Forum du Pacifique ;
o -d’autre part au Comité CEDEF de l’ONU, nous permettant ainsi d’œuvrer ensemble pour les droits des femmes en participant à ses travaux annuels.
Ø Mettre en place une commission de réflexion et de propositions chargée d’élaborer un statut d’ONG reconnue.
Ø Exhorter la CPS – par le relais des institutions océaniennes – à mener une vaste campagne d’information auprès des populations océaniennes sur les bienfaits et les méfaits des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC).
Ø D’inviter le Vanuatu à rejoindre l’étude menée par le Dr Nicole George (Université de Queensland) sur les violences faites aux femmes en Mélanésie.
Ø Demander à chaque UFFO de traduire en français tous les documents exposés dans les ateliers régionaux UFFO.
Ø Créer une plate-forme de communication pour la diffusion dans les médias des actions d’UFFO au niveau régional
Demande particulière de l’UFFO au Gouvernement Vanuatu
Pour mieux défendre nos valeurs océaniennes et lutter contre les violences faites aux femmes dans la région francophone Océanienne, l’UFFO demande au Gouvernement du Vanuatu de bien vouloir mettre à sa disposition un local permanent et des moyens lui permettant de réaliser ses actions et d’atteindre les objectifs validés sur le sol d’Efate – à Port Vila Vanuatu.
Photo caption: Les deux participantes de Kanaky avec les deux Soeurs de Tebakor